Kodak 3A Autographic Spécial Model B

Bonsoir
La réussite technique d’une photographie dépend de 3 réglages : ouverture du diaphragme, vitesse d’obturation et distance appareil-sujet, ni plus ni moins. Cela depuis l’invention de la photographie, et sans doute jusqu’à la fin des temps…
Si -comme certains musiciens ont l’oreille absolue- des photographes aguerris peuvent estimer de façon correcte ces paramètres, cela reste un obstacle pour beaucoup. D’où l’envie de trouver des dispositifs pour les mesurer. Le télémètre sera la première aide incorporée dans un appareil photo.
On sait déjà que les yeux tournent l’un vers l’autre d’autant plus que l’objet regardé se rapproche, permettant l’appréciation de la distance par triangulation. Aux USA, en 1914, Woodbury propose un télémètre de ce type. Deux images sont captées par deux objectifs séparés, puis fusionnées par un ensemble de miroirs et lentilles. L’une est fixe, l’autre est mobile. Un bouton permet d’amener la seconde image en coïncidence (d’où le nom de télémètre à coïncidence) avec la première. Un index affiche alors la distance.
En 1916, Kodak présente le premier appareil muni d’un télémètre couplé, le 3A Autographic Spécial Model B. C’est le bouton de mise au point qui permet d’amener les images en coïncidence



Vous voyez les deux fenêtres sous l’objectif ; elles se déplacent en même temps que celui-ci, commandés par la molette de mise au point. Une lame prismatique fixe (visible à côté du 3 et de la petite poignée), assure la rotation d’une des images. Le photographe regarde par le côté droit et voit une image séparée en 3 bandes : haut et bas fixes, milieu mobile. La photographie sera nette quand les trois bandes sont alignées.
Le 3A est un très gros appareil : haut de 24 cm, il utilise un film n°122 qui permet d’obtenir des photos par contact de 8,25x14 cm².  Ce format était appelé « Carte postale », on devine pourquoi. Or - toutes choses égales par ailleurs, disait mon prof d’optique – plus le format est grand, plus la profondeur de champ est faible, la mise au point doit donc être précise. Voilà pourquoi Kodak l’a équipé en premier d’un télémètre couplé.
En plus, le 3A est richement doté : objectif Tessar f/6,3 , Obturateur maison Kodamatic B,T, 1/100 à ½ sec, le petit levier à droite de l’objectif permet le décentrement vertical,  un volet dans dos permet l’inscription d’annotations (système Autographic).

Un petit cocorico pour terminer : le stigmomètre, cette petite pastille au centre du viseur de nos reflex pendant la deuxième moitié du XXème siècle, est une invention de l’ingénieur français Lucien Dodin en 1946.

Bonne nuit

Merci, c'est toujours un régal de te lire, nous avons beaucoup à apprendre de tes posts.

J'avais raté ton post Henri . Je trouve très intéressantes tes explications . Je suis toujours ébahi par la technique recherchée à l'époque pour faire évoluer le "monde moderne".

On y pense pas plus trop au final puisque tout est incorporé électroniquement ou mécaniquement dans nos appareils, mais il en circule des informations entre le moment ou nous commençons à appuyer sur le déclencheur et celui ou nous prenons la photo.

Il y avait auparavant tout une préparation... A l'autre bout du post-traitement ?
Merci pour ce reportage supplémentaire Henri .